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Vous connaissez peut-être la blague qui dit qu’on demande à un mathématicien, un actuaire et un comptable combien font 2 + 2. Le mathématicien répond: «4». L’actuaire répond : « 4 plus ou moins la marge de sécurité » et le comptable demande: «Combien voulez-vous que ça fasse?»

L’adage «on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres» devrait plutôt être «les chiffres peuvent être présentés de façon subjective, sans l’ensemble du contexte».

Ce problème est également présent en finances personnelles. Lorsqu’on en parle, une fois certaines bases établies, on a souvent besoin d’aller voir dans le futur à quoi la situation ressemblera. Comme l’avenir n’est pas connu et qu’un autre adage nous dit que la passé n’en est pas garant, il faut faire des hypothèses. L’un des problèmes dans ce domaine est que les calculs peuvent être plus ou moins complexes selon les outils utilisés.

C’est pourquoi, lorsqu’une personne se fait présenter une planification de retraite par le conseiller A, celle-ci est, à moins d’un hasard extraordinaire, différente de celle que lui montrera le conseiller B.

Or, quelle est la meilleure des deux? En fait, la « meilleure » dépend de la définition que l’on donne à ce terme. Un outil très précis dans les calculs, fiscaux et autres, aura un avantage sur le concurrent. Mais la « meilleure » planification n’est-elle pas celle qui se rapprochera le plus de la réalité? Or, il est possible qu’un outil de planification rudimentaire  donne, à long terme, des résultats plus près de la réalité que son concurrent plus précis à cause des hypothèses utilisées. Il arrive que deux erreurs s’annulent…

Revenons sur l’importance des hypothèses utilisées. Ces dernières peuvent faire paraître une situation désastreuse très confortable ou l’inverse. Ce qu’on veut, en planification financière, c’est de représenter une situation future de façon conservatrice… mais avec des limites.

L’Institut québécois de planification financière (IQPF) développe, conjointement avec le Financial Planning Standards Council (FPSC) pour le reste du Canada, des normes de projections à utiliser à chaque année. Ces normes ont notamment trait au taux d’inflation et aux taux de rendement à utiliser dans les portefeuilles des clients.

À titre d’exemple, les normes de 2016 considèrent un taux d’inflation annuel de 2,1 % et un taux de rendement pour un profil d’investisseur « équilibré » de 5,2 % AVANT FRAIS. Cela signifie que si vous payez 2 % de frais sur vos placements, le taux de rendement utilisé dans votre planification de retraite devrait osciller autour de 3,2 % ! Ceci est un rendement « conservateur » mais « réaliste » aussi pour un tel profil.

Cela signifie que si vous avez un profil d’investisseur «équilibré» et que votre planification de retraite a été faite avec un rendement de 6 %, vous êtes dans un autre monde… Un écart de rendement de 2,8 % par année peut générer des millions de dollars! Mais que valent réellement ces millions?

Vous ne me croyez pas ?

Prenons un dépôt de 10 000 $, indexé à 2 % par année, effectué au début de chaque année pendant 30 ans et par la suite, un retrait de 10 000 $ (en dollars actuels et toujours indexés à 2 %) pendant 30 ans également. Comparons des rendements annuels de 3,2 % et de 6 %. Pour simplifier les choses, ignorons l’impact fiscal en considérant que les dépôts ont été faits dans un compte enregistré.

Résultat ?

Valeur du compte à la fin à 3,2 % de rendement : 498 501 $

Valeur du compte à la fin à 6,0 % de rendement : 4 097 335 $

Il n’y a aucune interprétation possible. La différence de rendement a généré 3,5 millions de dollars de plus… Alors : «Combien voulez-vous que ça fasse ?» Ça ne devrait pas être vous qui décidez du rendement des projections… ni votre conseiller…

Ce rendement devrait être le fruit de l’application des normes établies, mêmes si elles ne font pas votre affaire. Si vous faites mieux que ces normes (et c’est fort possible…), tant mieux! Vous serez plus riche! Vous n’aurez qu’à dépenser un peu plus au fil des années, à mesure que les chiffres seront mis à jour. Mais, de grâce, ne vous laissez pas bercer par l’illusion des millions à 6 %…

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