Le dernier budget Harper, présenté le 20 avril dernier, ne contenait pas beaucoup de mauvaises nouvelles, il faut l’avouer. Cependant, je ressens souvent un malaise lorsqu’on présente les avantages de certaines mesures. Voici pourquoi.
Tout d’abord, lorsqu’on parle des familles, on commence le budget en rappelant deux mesures qui avaient été annoncées l’automne dernier.
Par exemple, il est vrai qu’on a haussé le montant de la Prestation universelle pour la garde d’enfants (PUGE) de 60 dollars par mois. Cette prestation était versée pour chaque enfant de moins de six ans. On a étendu cette prestation jusqu’à 18 ans.
À première vue, on pourrait donc croire que les familles viennent de s’enrichir de 720 dollars par année, par enfant, grâce à cette simple mesure. Or, avant de dépenser 1 440 dollars de plus pour les vacances, les familles de deux enfants ont avantage à connaître la contrepartie de cette mesure.
Premièrement, la PUGE est imposable. Heureusement, un couple peut choisir qui des deux adultes ajoutera le montant à son revenu. Il est évident qu’on privilégiera généralement le conjoint qui a les plus faibles revenus. Donc, les 720 dollars supplémentaires de PUGE peuvent fondre de moitié…
Deuxièmement, on ne parle presque jamais de la mesure qui finance principalement cette augmentation : la perte du crédit d’impôt pour enfant à charge. Ce crédit, disponible pour la dernière fois en 2014, a une valeur de 282 dollars par enfant au Québec.
Une famille à revenu élevé aura donc un montant disponible net de 6,50 dollars par mois de plus. On s’éloigne de Disneyland…
La baisse d’impôt pour les familles est un autre exemple du même type. Également annoncée à l’automne dernier et rappelée dans le dernier budget, cette mesure fait en sorte qu’on peut désormais profiter d’un crédit d’impôt dont l’effet est de transférer jusqu’à 50 000 dollars de revenus d’un conjoint à l’autre, pour une économie maximale d’impôt de 2 000 dollars.
Cependant, avant de penser que vous allez sauver 2 000 dollars d’impôt, il faut regarder les choses de plus près. En effet, il existe un « gros » palier d’imposition de 44 701 à 89 401 dollars (en 2015) qui regroupe pas mal de monde. Les couples dont les deux revenus se situent dans ce palier ne profitent ainsi aucunement de ce crédit.
Le dernier budget a haussé le plafond de cotisation à un CELI à 10 000 dollars par an. Selon des hypothèses réalistes, avec les anciennes règles, le plafond aurait probablement été atteint autour de 2046. Le gouvernement nous dit que ce sont les aînés de la classe moyenne, particulièrement, qui profiteront de cette augmentation, mais certains affirment que ce ne sont que les « riches ». Essayons d’y voir clair.
Tout le monde s’entend pour dire que ce sont principalement les personnes qui ont contribué au maximum à leur CELI qui profiteront de la hausse du plafond. Or, on dit que 60 % de ce 1,9 million de contribuables avaient un revenu inférieur à 60 000 dollars. Résultat espéré : nous faire croire que la classe moyenne en profitera largement.
Ce n’est pas mon avis. Lorsqu’on parle de revenu, on parle de revenu imposable. Or, ce sont précisément les baby-boomers au revenu imposable modeste qui ont accumulé des sommes importantes dans leur portefeuille de placement qui ne font que transférer ces sommes dans un CELI. Pourquoi ont-ils accumulé de telles sommes ? Parce que leur REER était « rempli au bouchon ». Allô, la classe moyenne ! Vous n’êtes pas obligés de me croire… mais je le constate sur une base quotidienne…