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Dans le monde des services financiers, on illustre souvent des concepts de façon isolée. On entre des chiffres dans un modèle construit pour tenter de refléter la réalité mais, trop souvent, la simplicité des modèles nous amène à une conclusion inverse de celle à laquelle on arrive en illustrant le même concept de façon intégrée dans des projections de flux financiers.

Par exemple, il m’est arrivé, il n’y a pas longtemps, de me faire poser la question : « Est-il payant, pour un actionnaire, de se verser des dividendes supplémentaires afin de cotiser à son CELI ? »

Avant de répondre, j’ai décidé de faire un petit jeu. J’ai construit un petit modèle théorique illustrant la situation, en fait, la comparaison de deux situations :

Premièrement, on encaisse un dividende en payant l’impôt immédiatement et on investit le montant après impôt dans un CELI. On accumule ainsi les sommes pendant des années à l’abri de l’impôt.

Deuxièmement, on accumule l’argent dans la société par actions pendant des années. Au moment de sortir l’argent de la société, on paie le gain en capital latent et le résidu est versé sous forme de dividende sur lequel l’actionnaire paie de l’impôt. Pour simplifier les choses, j’ai utilisé des fonds constitués en société où aucune distribution n’avait lieu pendant la période de détention (ce qui avantage l’accumulation dans la société).

Or, mon petit modèle posait apparemment toutes les questions nécessaires, c’est-à-dire les questions suivantes :

  • Montant initial investi
  • Taux de rendement du placement
  • Nombre d’années
  • Taux d’imposition sur dividende
  • Taux d’imposition de la société sur revenu de biens

Évidemment, j’aurais pu faire un modèle « unitaire », c’est-à-dire basé sur des facteurs  reflétant un investissement de 1 $. En fait, c’est plus agréable d’avoir des vrais chiffres.

Dans ce modèle, la seule variable qui peut amener des conslusions différentes est celle relative au taux d’imposition sur dividendes, lequel diffère d’un individu à l’autre. Ce modèle, présenté à un investisseur, semble faire le tour de la question.

Si on teste différents scénarios, on se rend compte que c’est souvent le CELI qui gagne. Autrement dit, il est préférable, peu importe le taux d’impôt choisi, de retirer l’argent de la société et de l’investir dans un CELI. La recommandation logique est donc de favoriser le CELI…

Or, ce modèle comporte quelques failles. Les voyez-vous ? Si elles ne vous sautent pas aux yeux, je ne vous blâme pas. Soyez conscient, toutefois, qu’il est possible que vous vous soyez laissé endormir par une telle illustration dans le passé… pour d’autres concepts, souvent reliés à la vente d’un produit financier.

Ce genre de modèle est trop présent dans l’industrie. Même s’il a l’air de refléter la réalité, si l’on se fie aux résultats qu’il génère, on peut faire exactement le contraire de ce qui devrait être fait.

Lorsqu’on optimise pour vrai des scénarios impliquant des dividendes et du CELI, il est très rare que le CELI l’emporte. L’accumulation à l’intérieur de la société sort donc gagnante presque toujours. Où sont donc les failles ?

Elles pourraient être résumées en une phrase : le modèle est trop simple par rapport à la réalité.

Comment cela se traduit-il dans ce modèle précis ? Une simple question supplémentaire aurait permis une meilleure évaluation de la situation. Il aurait fallu demander quel est le type de rendement généré par le placement. De plus, on aurait dû également demander LES taux d’imposition : actuel et futur.

Si l’on avait ajouté ces variables, on aurait eu la possibilité de générer un avantage tantôt au CELI, tantôt à la société.

Mais la vraie réponse est beaucoup plus complexe. Il s’agit de la différence de mécanique d’imposition. La société peut notamment générer un compte de dividendes en capital et payer de l’impôt en vertu de la Partie IV de la Loi de l’impôt sur le revenu. Cela modifie les taux d’imposition et ce, d’une proportion différente à chaque année.

Par conséquent, même s’il n’est pas évident de savoir si ce qu’on nous montre reflète la réalité ou non, je pense qu’on doit faire tout en son possible pour le découvrir… bonne chance!

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