C’est un sujet chaud que celui de l’inflation. On nous fait craindre le pire: hausse des taux d’intérêt pour la limiter, récession qui s’ensuit… Mais connaissez-vous bien votre inflation?
Le principal indice d’inflation au Canada est l’indice des prix à la consommation (IPC). Calculée mensuellement, cette mesure est importante, car plusieurs ajustements de paramètres fiscaux sont issus de calculs faits à partir de l’IPC. Qu’on pense à l’indexation annuelle des tables d’impôt (au fédéral) aux rentes de l’État ou encore aux nombreux régimes de retraite sur lesquels est basée l’indexation annuelle.
Il faut savoir que l’IPC est un indice. Ce n’est pas la valeur absolue de ce dernier qui nous intéresse, mais ses variations. Par exemple, l’indice a été fixé à la valeur arbitraire de 100 lors de sa refonte en 2002. En février 2022, il était de 146,8. Cela signifie que, par rapport à 2002, il en coûte, aujourd’hui, en moyenne 47 % de plus pour se procurer les mêmes biens et services.
L’IPC est une moyenne, une pondération d’une multitude de composants d’un certain panier de consommation théorique supposé réaliste. Ce panier est composé de huit grandes catégories se subdivisant en près de 700 biens et services. L’augmentation de l’IPC qui nous intéresse souvent est ainsi le résultat de l’augmentation pondérée, sur 12 mois, que génère chaque catégorie, dans la proportion qu’elle représente dans le panier.
Ce panier varie de temps à autre pour tenir compte de certaines particularités présentes dans une période. Les bouleversements causés par la COVID-19 en sont un bon exemple. Non seulement la COVID-19 est-elle la cause d’une bonne partie de l’augmentation anormale de l’IPC, mais elle a contribué à faire modifier les habitudes des consommateurs. La prochaine modification au panier aura lieu le 15 juin de cette année.
Chaque situation est différente
Or, selon votre situation, il est possible que l’inflation qui vous touche soit sensiblement différente de celle reflétée par l’IPC.
En février, l’IPC a augmenté de 5,7 % par rapport à la même période l’an dernier, soit la plus forte augmentation depuis 1991. Mais une telle hausse ne signifie pas, comme je l’ai dit, qu’il vous en coûte autant de plus pour vivre. En effet, le prix de l’essence a grimpé en moyenne de 32,3 % entre février 2021 et février 2022. La hausse a même été de 12 % de décembre à février.
Or, si vous êtes un adepte du transport en commun, vous ne serez pas affecté directement par cette hausse de l’essence. Vous le serez toutefois indirectement à cause de l’augmentation des coûts de transport des marchandises, par exemple. En revanche, si vous avez besoin de votre véhicule à essence pour travailler, ouch!
Si vous êtes végétarien, l’augmentation du prix du bœuf frais de 16,8 % ne changera rien dans votre vie, mais les 6,9 % de plus que coûtent vos œufs se feront probablement sentir davantage. Avec près de 30 % du panier consacré au logement, son composant le plus important, l’augmentation de 6,6 % fait particulièrement mal.
On pourrait faire des scénarios à l’infini. L’idée générale est qu’il n’y a pas de meilleure mesure d’inflation que celle que vous pouvez vous-même calculer en suivant un budget. Même si, par un hasard extraordinaire, votre panier de consommation était identique à celui de Statistique Canada, l’IPC ne serait quand même pas le portrait de votre situation. Par exemple, son composant «logement» contient une partie pour les propriétaires et une autre pour les locataires. Or, vous n’êtes pas les deux à la fois…
Si vous êtes inquiet pour l’avenir, dites-vous qu’une grande partie de l’inflation est causée par les augmentations de salaire. Vous n’y ferez pas exception!