Les marchés boursiers sont menaçants. Les médias nous font peur. Mais on entend aussi dire qu’on peut profiter d’une crise boursière. Est-ce réellement le cas ?
J’ai déjà écrit que la première règle à respecter, lorsqu’une crise boursière survient, est de ne pas paniquer. Si vous ne faites rien, la situation se replacera dans un futur plus ou moins rapproché et vous aurez complètement oublié ce qui s’est passé après quelques années. Si vous êtes obligé de sortir de l’argent de votre compte d’investissement (parce que vous en avez RÉELLEMENT besoin comme dirait Pierre-Yves), il est possible que vous subissiez une vraie perte lors d’une telle crise.
Mais il y a mieux.
Il y a deux façons « simples » de s’enrichir dans une crise boursière. Je ne parlerai pas ici des produits dits « dérivés » tels des options d’achat ou de vente.
La première vous fera réaliser un rendement anormalement élevé jusqu’à ce que le marché soit revenu au niveau d’avant la crise. Vous aurez deviné que je parle d’investir DAVANTAGE lorsque le marché est à terre. Même s’il est possible qu’il continue de descendre après que vous ayez investi, si vous investissez de façon diversifiée, il est virtuellement impossible de tout perdre. Le marché va rebondir et ce rebond vous enrichira plus que si vous n’aviez rien fait du tout.
La deuxième méthode peut vous enrichir rapidement. Mais elle peut aussi vous ruiner. Pour l’appliquer, il faut avoir prévu le coup d’une baisse de marché. C’est une technique qu’on appelle la « vente à découvert ». En bon français, on parle souvent de « shorter » des titres. Vous vendez un titre avant même de le posséder.
Sans entrer dans les détails, disons qu’il s’agit de l’emprunt d’un titre que vous faites à votre courtier en valeurs mobilières. Vous le vendez avant de l’acheter plus tard. Théoriquement, il n’y a pas de délai pour l’acheter. Si sa valeur diminue entre la vente et l’achat, vous réalisez un gain. Plus le titre se plante vite, plus vous vous enrichissez rapidement. Mais plus le titre grimpe, plus vous vous appauvrissez. Quand on parle de risque, c’en est un vrai.
Comme il s’agit d’un emprunt, vous devrez payer des intérêts au prêteur. De plus, il y a un acheteur pour la vente que vous faites. Vous devrez lui payer tout dividende versé sur le titre en attendant de l’acheter. Mais le plus grand risque est celui que la valeur du titre aille dans l’autre sens que vous aviez prévu. Si sa valeur explose, il peut vous ruiner. Plus la valeur monte, plus il vous coûtera cher de l’acheter. Par conséquent, contrairement à la première méthode où votre perte maximale est limitée à votre investissement, cette seconde a un niveau de perte illimité théoriquement.
Parlons maintenant d’éléments plus soft…
Quand les marchés boursiers sont en hausse, on a tendance à oublier la rigueur d’investissement qu’on s’est donnée au moment de la dernière crise. Ça peut ressembler à des résolutions du jour de l’an. Quand je parle de rigueur, je fais notamment référence au rééquilibrage du portefeuille.
En théorie, lorsqu’un portefeuille est établi, il doit respecter le profil d’investisseur de l’individu. Par exemple, on voudra peut-être investir, de façon grossière, 50 % en actions et 50 % en obligations pour un profil de type « modéré ».
Mais les actions et les obligations qui composent le portefeuille ne réaliseront pas le même rendement au fil du temps. Par exemple, si un portefeuille de 2 000 $ est divisé selon la répartition que de viens de donner, il y aurait 1 000 $ en actions et 1 000 $ en obligations au début de l’investissement. Après un certain temps, si les actions ont réalisé en rendement de 10 % et les obligations de 3 %, le portefeuille aurait une valeur de 1 100 $ en actions et 1 030 $ en obligations. La répartition serait ainsi de 51,6 % en actions et le reste en obligations.
Devrait-on rééquilibrer tout de suite pour ramener le tout à 50 %-50 % ? Probablement pas.
Premièrement, la différence avec la répartition cible n’est pas très élevée. La situation peut s’inverser. Deuxièmement, il y a des frais pour rééquilibrer. Les transactions ne sont pas gratuites sur les marchés financiers. La cible de 50 %-50 % aura donc un certain niveau de tolérance d’écart avant de déclencher un rééquilibrage.
En théorie, si on laisse aller les choses indéfiniment, comme les actions font plus de rendement que les obligations (sur une base historique), la proportion qu’elles représentent dans le portefeuille sera de plus en plus grande. Et comme la règle la plus fondamentale (et la plus importante) dans le domaine du placement est qu’il existe une relation directe entre le rendement et le risque, le niveau de risque du portefeuille devrait augmenter de telle sorte qu’il ne respecterait plus la tolérance au risque de l’investisseur.
Les derniers calculs que j’ai faits à cet égard remontent à un certain temps, mais cette règle ne se vérifiait pas vraiment… mais c’est un autre sujet.
Dans un contexte de marché haussier, un chien bien dressé peut réaliser un rendement intéressant avec son portefeuille. Il est facile de s’emballer et de laisser aller les choses. Si la proportion d’actions est plus élevée qu’elle ne devrait, une correction boursière fera plus mal qu’elle n’aurait dû.
Ce faisant, les pertes en capital sont plus importantes. Or, ces pertes peuvent être appliquées contre les gains en capital futurs (jusqu’au décès) et même passés (3 dernières années). Vous pourrez ainsi corriger votre déclaration de revenus des dernières années pour récupérer de l’impôt. Ce remboursement d’impôt pourra être, à son tour, investi dans votre portefeuille, ce qui vous enrichira un peu…
Mais attention. Vos régimes enregistrés (REER, CELI…) qui réalisent des pertes en capital ne donnent pas cet avantage fiscal. Vous ne pouvez pas bénéficier de « remboursements d’impôt » comme dans le cas de comptes non enregistrés.
Ainsi, si vos REER et CELI sont remplis, vous avez avantage à détenir des actions dans votre portefeuille non enregistré (ou dans votre société par actions si vous êtes en affaires) et des titres à revenu fixe dans vos REER, CELI et régime de retraite. L’important est que votre profil soit respecté au niveau global, pas dans chacun des régimes.
Si un manque de discipline vous fait perdre plus d’argent dans une crise boursière que cela ne devrait, il s’agit peut-être d’une occasion pour vous pencher sur la répartition d’actif de vos portefeuilles. Une optimisation des catégories d’actifs génère une richesse après impôt plus élevée sans prendre plus de risque.
Mais vous n’êtes pas obligé d’attendre une crise pour faire cet exercice…