À VOS AFFAIRES. En lisant les différents pronostics de certains économistes, on voit qu’ils ont tendance à croire que la hausse des taux tire à sa fin. Quant à une éventuelle baisse, on semble moins certain… Quoi qu’il en soit, les effets des taux d’intérêt élevés n’ont pas fini de se faire sentir.
En effet, des taux d’intérêt plus élevés ont une incidence sur une foule d’éléments dont certains ne sautent pas aux yeux nécessairement.
Évidemment, un taux d’intérêt plus élevé signifie un coût d’emprunt plus élevé. Pour les personnes qui ont emprunté avec des « taux variables », l’effet est immédiat. Même si le versement mensuel, à la limite, ne varie pas (parce qu’il contenait une marge de manœuvre), la portion des intérêts sera augmentée, laissant moins de remboursement de capital, repoussant ainsi la date prévue de la fin du remboursement.
Pour les personnes ayant emprunté à un taux fixe, l’effet peut être différé. Par exemple, ceux qui ont emprunté pour leur maison avec un taux garanti pour cinq ans pendant la crise de la COVID ont pu bénéficier de conditions très alléchantes… Ces prêts ne sont pas encore touchés par la hausse des taux. Si ces derniers ne baissent pas avant le renouvellement, c’est à ce moment que ça va faire mal. Cet effet de décalage doit être pris en compte lorsque les économistes nous parlent des dépenses des ménages qui affectent l’économie. Ça, ce n’est pas terminé.
Inflation et taux d’intérêt
Il existe un lien étroit entre le taux d’inflation et les taux d’intérêt. Pour limiter l’inflation, les grandes banques centrales utilisent l’arme des taux d’intérêt. Si l’économie va «trop bien», que l’inflation décolle, comme ce fut le cas lors de la reprise après le pic de la crise de la COVID, la Banque du Canada monte son taux directeur, un effet de cascades suit et fait que tous les taux montent, ralentissant ainsi l’économie dans son ensemble. Les personnes et les entreprises doivent alors consacrer une plus grande part de leur budget à payer des intérêts au lieu de consommer d’autres biens ou services.
Or, à moins d’une situation extraordinaire, il faudra attendre de mesurer tous les effets des récentes hausses du taux directeur avant de penser à le rebaisser, et c’est pourquoi on parle plus souvent d’une stabilisation, à court terme, que d’une baisse éventuelle.
Il y a aussi d’autres éléments, moins intuitifs, affectés par une hausse des taux d’intérêt. Ces éléments seront différents selon les échéances affectées. Lorsque des taux de plus long terme sont touchés, des effets plus importants peuvent se faire sentir.
Par exemple, une hausse des taux d’intérêt affecte la « valeur » des obligations de façon négative. Si vous détenez des obligations jusqu’à leur échéance, cette baisse de valeur n’est que théorique. Mais si vous devez les vendre avant, vous subirez une perte parce que les acheteurs ne se contenteront pas de vos coupons (les intérêts versés sur les obligations) plus faibles que le reste du marché, ils exigeront une compensation en payant moins cher. Les gestionnaires de titres à revenu fixe doivent donc constamment modifier leur portefeuille — en jouant notamment avec les durées moyennes d’échéance — afin d’optimiser les revenus tirés des obligations tout en se protégeant contre d’éventuelles hausses dans le marché.
Les assureurs, de leur côté, utilisent les taux d’intérêt pour tarifer leurs produits d’assurance ou de rentes. Par exemple, dans un contexte où les taux sont plus élevés, il en coûte moins cher pour s’acheter une rente viagère. Le même principe s’applique (en théorie) pour l’assurance vie ou l’assurance invalidité.
Quand une institution financière se voit justifiée d’augmenter ses primes à cause d’une baisse de taux (l’argent qu’elle reçoit va « travailler » moins), l’effet ne tarde généralement pas. Dans le sens inverse, il faut parfois être plus patient (c’est drôle, j’ai l’impression de parler des pétrolières !).
Quoi qu’il en soit, tous les effets des taux d’intérêt plus élevés n’ont pas fini de se faire sentir.