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À VOS AFFAIRES. Avec la montée des taux d’intérêt, on assiste à une recrudescence pour l’intérêt d’un produit qui a été «boudé» injustement, à mon avis, au cours des dernières années. Je parle de la rente viagère, cette rente qui vous paie un revenu à vie peu importe votre âge de décès. A-t-on raison d’assister à cet engouement?

Quand les taux d’intérêt sont bas, on entend souvent les conseillers financiers dire à leur client que ce n’est pas le temps d’acheter une rente viagère. Ainsi, ils ont l’impression de «geler» le taux de «rendement» de leur client pendant le reste de leur vie. On préfère ainsi rester «dans les marchés». Or, selon moi, cet argument est ridicule. Quand on souscrit une rente viagère, on achète un revenu pour le reste de sa vie. Ainsi, on prend une partie (ou la totalité) de ses actifs financiers pour faire l’achat d’un produit qui n’en est pas un de consommation.

De plus, en prenant quelques précautions, on évite le risque de voir son bilan diminuer de façon importante après n’avoir encaissé que quelques versements en cas de décès prématuré.

Or, pourquoi certains conseillers parlent-ils du taux d’intérêt servant aux actuaires afin de faire les calculs du revenu que versera l’assureur en contrepartie de l’argent reçu ? En passant, cette confusion existe également du côté des polices d’assurance vie avec participation — où les participations ne sont pas égales au «rende-ment» — et des fonds communs de placement qui distribuent un certain pourcentage chaque année — ces distributions ne sont pas égales au rendement non plus.

Pour revenir à la rente, le «rendement» de cette dernière, si on veut le calculer, est égal au rendement qu’il faudrait réaliser dans un compte d’épargne pour que, à la fin de sa vie, les héritiers touchent un montant identique. Autrement dit, au lieu d’acheter une rente viagère, si on investit son argent dans un compte quelconque, à combien devrait s’élever le rendement de ce compte pour qu’il puisse donner autant de revenus que la rente?

On comprend donc que plus on décède à un âge avancé, plus le «rendement» de la rente est élevé. Évidemment, comme on ne connaît pas le moment de son décès, il existe toujours un aspect gambling dans l’achat d’un tel produit. C’est la même chose avec une assurance vie. En fait, une rente viagère peut être qualifiée d’«assurance longévité». Alors qu’une assurance vie offre une protection en cas de décès prématuré, une rente viagère est avantageuse en cas de décès tardif.

Lorsqu’on décède à un âge près de son espérance de vie, on réalise un «rendement» qui ressemble à celui utilisé par les actuaires dans leurs calculs. Par exemple, dans le contexte actuel, un homme de 65 ans peut se procurer une rente viagère d’environ 1800$par mois avec un capital de 300 000 $. Si cet homme vit jusqu’à 87 ans, sa rente lui aura généré l’équivalent d’un rendement de 4,67 % par année.

En cas de décès à l’âge de 100 ans, le taux de rendement grimpe à 6,66 %. Rien à voir avec les taux d’intérêt offerts sur les marchés.

Pour éviter de perdre son argent dans un décès prématuré, on peut opter pour une période garantie minimale, par exemple 15 ans. Cela signifie que si on décède dans les 15 premières années du contrat, ses bénéficiaires recevront un montant résiduel. Cette protection, dans notre exemple, ne coûte qu’une cinquantaine de dollars par mois (rente de 1750 $au lieu de 1800 $).

Alors, même dans un contexte où les taux étaient plus bas, dites-moi que ce produit n’en valait pas la peine avec un «rendement» possible de plus de 5% par année! Dany Provost est associé dans les cabinets Planium et Avanco. Il est directeur, Planification financière et optimisation fiscale chez SFL Expertise.

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