À VOS AFFAIRES. Dans le contexte actuel d’inflation élevée, on peut se demander jusqu’à quel point cette dernière aura une incidence sur ses finances personnelles. Faut-il s’en inquiéter? Tout d’abord, il faut comprendre que tout le monde n’est pas dans le même bateau. Alors que certains n’en seront à peu près pas affectés, cette inflation pourrait en revanche laisser un goût amer à d’autres.
Essentiellement, si vous êtes en phase d’accumulation, les effets ressentis par cette poussée inflationniste devraient être limités. En effet, la variable la plus importante dans une projection financière est l’écart entre le taux prévu d’inflation et celui du rendement de vos investissements.
Or, l’inflation étant très corrélée aux taux d’intérêt — les taux montent pour ralentir l’économie et limiter l’inflation —, l’effet sur la partie des revenus fixes de votre portefeuille peut être négligeable à long terme. À court terme, une hausse des taux d’intérêt affecte toutefois négativement la valeur de votre portefeuille alors qu’une baisse en augmente la valeur.
Quant à la partie des revenus variables (actions), une inflation élevée peut notamment signifier des augmentations de revenus — donc de bénéfices plus élevés — pour les entreprises dans lesquelles vous investissez. Cela se reflète dans la valeur des titres qui, par définition, est la valeur actualisée des dividendes futurs espérés. Ici aussi, une hausse de taux d’intérêt affecte généralement négativement le cours des actions. Il existe évidemment une foule d’autres facteurs qui influent sur la valeur des titres boursiers.
En somme, à part les secousses possibles, à court terme, sur la valeur des titres attribuables à des mouvements de taux d’intérêt (et, pour les titres boursiers, à des annonces de «fin du monde» attribuables à une récession ou à n’importe quel autre facteur), les effets d’une inflation élevée sont souvent limités.
Toutefois… Si vous êtes dans un contexte où vos revenus ne sont pas liés au taux d’inflation, comme le sont les rentes gouvernementales, la situation est tout autre.
Prenons le cas d’une personne qui tire une partie de son revenu d’une rente de retraite non indexée provenant d’un régime de retraite. Si la rente est actuellement de 50 000 $ par année, ce montant ne vaudra que 27 600 $ dans 30 ans, une diminution de près de 50 %… si l’inflation est en moyenne de 2 % par année durant cette période. Si le taux d’inflation était plutôt de 3 % au cours des 30 prochaines années, la rente ne vaudrait plus que 20 600 $ en dollars constants. Si le taux avait le malheur d’être de 7 %, le montant aurait fondu à 6 600 $! Évidemment, le fait que la Banque du Canada ait comme mandat de maintenir le taux d’inflation dans une fourchette de 1 % à 3 % laisse espérer que ce dernier scénario catastrophique ne se réalisera pas.
Si une personne possède des actifs en période de décaissement, les effets de l’inflation sur le taux de rendement de son portefeuille seront similaires à ceux d’une personne en phase d’accumulation. Si ces actifs servent notamment à compenser pour la non-indexation des rentes, la gravité du problème est proportionnelle au montant de la rente.
En effet, même si, à la limite, les rendements réels d’un portefeuille ne sont pas affectés par une inflation élevée, les retraits nécessaires pour compenser le fait qu’une rente ne soit pas indexée devront être supérieurs à ce qui pourrait avoir été prévu, générant ainsi un manque d’argent lorsque les comptes seront à sec.
Si vous êtes bénéficiaire d’un régime de retraite qui n’est pas pleinement indexé, faites des calculs avec un taux d’inflation plus élevé que prévu (+1 % par exemple). Vous pourriez être surpris du montant supplémentaire requis dans votre REER ou votre CELI pour préserver votre pouvoir d’achat.
Bonne année quand même!